“Si j’avais un appartement [des Bains] comme celui-là, je me ferais réveiller la nuit pour le voir”,
ces quelques mots écrits par Mme de Graffigny à son ami “Panpan” lors de son séjour à Cirey (en Lorraine), résument bien l’extase qu’elle semble vivre en découvrant l’appartement des bains de son hôtesse, Mme du Châtelet. Elle ne tarit pas d’éloges en décrivant fidèlement, ici les carreaux de faïence qui recouvrent entièrement les murs, là des lambris vernissés d’un vert céladon gai et divin, des porcelaines, des estampes…/…
“Ah quel enchantement que ce lieu !”
Il faut dire qu’en 1738, la salle de bains d’Emilie du Châtelet est la première du genre. A l’époque, les salles de bains n’existent pas encore, ni même à Versailles !
Et si Emilie était l’inventeur de la salle de bains moderne ?
Stanislas lui aussi était fan “d’appartements des bains” mais ceux qu’il fit construire avaient une tout autre vocation, certes ils témoignaient aussi des récents progrès de l’hygiène mais ils servaient surtout de préliminaires à d’autres types de divertissements.
L’histoire du bain
Jusqu’au milieu du XVIIIe siècle, l’eau était considérée comme dangereuse par les religieux qui redoutaient une auto complaisance érotique dans le bain, et par les scientifiques également très réticents devant un usage inconsidéré de l’eau (ablutions et bains). Bordeu, un médecin du XVIIIe siècle, disait en effet avoir connu des individus vigoureux, détruits par l’hygiène :
« La peau s’était nettoyée, les émanations et la transpiration fortes s’étaient détruites, mais tout ce qui caractérise le sexe était éteint. »
Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, les choses évoluent : le docteur Tronchin recommande, la toilette à l’eau froide si possible à la fontaine de la cour et « dans sa natureté ».
Il devient alors de bon ton d’avoir sa propre salle de bains.
Illustrations salle de bains de Marie Antoinette Versailles © donarussia.ek
Alexander Roslin, 1755-1760
Portrait of Madame Courcelles by Jean-Baptiste Greuze
Article © Pascale Fourtier Debert