Depuis le XIXe siècle, de polémique en polémique, l’histoire de Marie Stuart, “Dame de Wassy”, fait aujourd’hui encore et toujours débat.
Au départ, ce serait surtout un certain dénommé monsieur Pernot, artiste aux faux airs d’historien, qui serait à l’origine de tout ce battage médiatique autour de la fameuse Reyne d’Escosse, qu’il aurait qualifiée direct et sans tortiller(1) de “Dame de Wassy“, alors qu’il est fort probable que la belle Dame n’ait jamais posé ses illustres petits pieds chaussés de vison dans cette ville(3).
On est au tout début du XIXe siècle et le destin tragique de Marie Stuart va contribuer à en faire une Héroïne Romantique de premier choix.
Il est bien agréable, pour une petite cité, de s’attacher une si illustre Reine, d’autant plus que la Reine d’Ecosse y a des liens puisqu’elle a reçu ce comté de Wassy (entre autres comtés haut-marnais) en douaire(2) suite à son éphémère mariage avec François II.
De là à imaginer que la Reine y aurait concocté de ses petites mains, telle Peau d’Ane et son cake d’amour, les délicieuses “Caisses de Wassy“, il n’y a qu’un pas qui fut franchit, début XXe, par la pâtisserie-confiserie du Dôme, rue notre dame de Wassy, et c’est bien là toute l’importance de ce mythe, car c’est heureusement grâce à lui que l’on peut désormais déguster ce royal et délicieux dessert qui s’est démocratisé depuis dans toute la Haute-Marne (Joinville, Langres, Saint-Dizier, Montier-en-Der).
(1) sans trop se préoccuper de recouper ses sources (Belleforest en l’occurrence)
(2) Douaire veut dire qu’elle en a l’usufruit
(3) Pourquoi la ville de Wassy s’est elle appropriée plus que d’autres villes l’image de la Reine d’Ecosse ?
Alain Morgat se penche sur cette question, qui souleva de nombreux débats aux XIX et XXe siècles, dans ses articles très instructifs des numéros 279 et 284 des Cahiers Haut-marnais. Il en ressort que c’est François-Alexandre Pernot qui est à l’origine de cette mythification.
Le massacre de Wassy
D’autre part à l’époque où Marie Stuart prend possession de ses douaires, en 1558, Wassy va devenir le théâtre d’évènements abominables perpétués par sa propre famille, ses oncles, François, duc de Guise, surnommé aussi Le Balafré et le cardinal Charles de Lorraine.
Première ville où tente de s’installer l’église réformée suite à L’édit de janvier 1562 favorable aux protestants, Wassy sera aussi la première ville d’où cette nouvelle religion sera atrocement chassée car le même édit ne leur permettait de se rassembler “que en dehors des villes”.
Le massacre sanglant des protestants de Wassy par le duc de Guise et son frère sera le déclencheur de la première guerre de Religion.
On retrouve dans certaines lettres écrites par la grand-mère de Marie Stuart, Antoinette de Bourbon de Guise, des propos concernant cette époque tourmentée, Antoinette prêtant parole à sa petite-fille en écrivant que : Marie Reyne d’Escose, était leur dame usufructière…, et “ce qui se faisait *…” lui déplaisait grandement. (*les protestants se rassemblant dans la ville de Wassy).
Sources : La mère des Guises :
Antoinette de Bourbon,
1494-1583, avec un portrait,
une autographie des lettres
inédites, …