Paris, septembre 1745, Mme de Graffigny est ruinée, elle ne voit plus ses amis, tombe malade et voit son avenir « à travers une boutelle d’ancre » :
« Oui c’est être morte que de vivre comme je vis. Je me crois existante quand les occupations ; bonnes ou mauvaises, m’étourdissent, mais une reflections sur moi, sur la vie que je mène, sur la privation de tout plaisir, de tous sentiments me fait entrer dans mon tombeau. J’en vois les parois : ils me paraissent affreux. Et c’est a Paris que je manque de plaisirs ! Je vivois avec des esprits en province ; je vis avec des sots ici. Mon etoile est bien singulier. Et tout cela n’est fondé que sur la misère. On a beau cacher la misère. Elle se decelle : on la fuit, ou on la meprise. »
Illustration © Les Amusements de la vie privée. Jean-Baptiste-Siméon Chardin, 1746. gif©pfd2020
Extrait de “Petits Riens de Mme de Graffigny”, Le Pythagore éditions 2020