(11056) Volland est un astéroïde de la ceinture principale d’astéroïdes. Il fut découvert le 6 juin 1991 à La Silla (Chili) par l’astronome belge Eric Walter Elst. Son nom est un hommage à Sophie Volland, correspondante et amante de Diderot.
Zoom sur Sophie Volland.
Denis Diderot, on le sait, est amoureux fou de Sophie (sagesse en grec et surnom qu’il a donné à Louise-Henriette Volland).
Sophie est son amie, sa confidente et aussi un peu sa maîtresse, je dis un peu sa maîtresse car en vérité, on ne sait pas vraiment si elle le fût physiquement, et si c’est le cas, elle dût le partager avec ses deux sœurs… dont il sera l’amant respectif. Il ne s’en cache pas et s’adresse ainsi aux trois sœurs Volland :
« Vous ravir à tout l’univers, vous transportez dans quelques recoins du monde où je puisse vous voir, vous entendre, vous aimez, vous adorer, vous avoir tout entières, être tout entier à vous : voila la vision qui ne me quitte point. »
Sophie est cependant son « amoureuse idéale », avec laquelle il correspondra pendant 14 ans, soit 553 lettres de la part de Diderot (dont 187 nous sont connues), et probablement autant de réponses de Sophie (toutes disparues).
Les amoureux s’entretiennent pour la première fois autour d’une « petite table verte » (table de jeu), elle a 39 ans, lui 42, c’est le coup de foudre.
Dans ses lettres enflammées, Diderot fait l’éloge d’une femme très intelligente, assez réservée, peut-être même peu, ou pas du tout attirée par les hommes puisqu’elle semble lui résister, « Ma Sophie est homme et femme, et quand il lui plaît. », il la décrit aussi innocente, candide, ingénue, noble, digne, décente, vraie, sincère et… vierge.
Il imagine l’embrasser sur la bouche jusqu’à en défaillir, et il est capable d’écrire une ode à ses beaux pieds blancs dont l’eau de la Marne lui apporte le souvenir, via la Seine, jusqu’à Paris.
Diderot a trouvé en Sophie Volland son double idéalisé, et grâce à un savant jeu de miroirs, il semble s’adresser dans ses lettres, bien moins à Sophie qu’à lui-même (mis à part, bien sûr, ses magnifiques mots d’amour).
Aucun portrait peint de Sophie ne nous est parvenu alors que Diderot en possédait deux, dont l’un de la peintre Anne Vallayer-Coster, enchâssé dans la reliure d’un volume du poète latin Horace. Nous ne pouvons donc qu’imaginer sa silhouette et son visage (ici portrait d’une inconnue de Thomas Hudson).
Montage d’images sur une photo carte postale de son château familial à Isle-sur-Marne où sa mère la tint recluse pendant plusieurs années.
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