Voici la chanson à la gloire de Stanislas créée à l’occasion de la Statue de Louis V, élevée sur la Place Royale de Nancy, le 29 Novembre 1755. Chantée par un paysan des Vosges, & par en Citoyen de Nancy, cette chanson fut éditée par le Mercure de France en 1756, et elle ne manque pas de charme, comme vous allez le constater !
Son mérite particulier nous fait passer par dessus sa longueur. Un ouvrage est toujours court quand il est intéressant ! (Dixit Le Mercure de France)
CHANSON EN DIALOGUE.
Le Paysan.
AH voici bian d’une autre affaire,
Et j’allons voir un biau fracas ;
Il n’est, ma foi, rien sur la terre
A comparer à STANISLAS ;
Aussi l’on s’écrie ,
D’une ame ravie,
Dès qu’on en parle, ou qu’on le voit :
C’est un grand Roi, c’est un bon Roi!
Le Citoyen.
Est-il un seul trait dans l’Histoire
Semblable à cet événement !
Un Roi consacre la mémoire
D’un autre Roi de son vivant !
Dans sa capitale,
Lui-même il l’instale,
Sur l’airain il grave la foi,
Qu’on doit au Roi, qu’on doit au Roi.
Le Paysan.
Palfangué, le joli vacarme !
Quand monté fur un biau cheval,
En habit d’or le zéro d’arme
Entonnera le chant Royal !
Déja l’on s’écrie,
D’une ame ravie,
Vive le Roi, vive le Roi,
Vive le Roi, vive le Roi !
Le Citoyen.
On bat aux champs, le Roi s’avance :
La joie est peinte sur son front ;
Tout s’embellit par sa présence,
Et tout retentit de son nom ;
La France attendrie,
L’Europe ravie,
Le monde entier dit comme moi :
C’est un grand Roi, c’est un bon Roi.
Le Paysan.
J’aimons d’entendre la fanfare
De la trompette & du tambour,
Mousquets, canons, qual tintamare !
Allons, crions à notre tour,
D’une ame ravie,
D’une ame attendrie,
Vive le Roi, vive le Roi
Oh ! le grand Roi ! oh le bon Roi !
Le Citoyen.
Au nom de l’heureuse Austrasie
Nos Magistrats vont dignement
Faire au pere de la Patrie
Un solemnel remerciment
D’une ame ravie,
Comme eux l’on s’écrie,
Qu’il est doux de suivre la loi
De ce grand Roi, de ce bon Roi !
Le Paysan.
Par respect tous nos gens de guerre
Bassont devant lui leurs drapiaux,
Et nous, ne sçachant comment faire,
Je jettons en l’air nos chapiaux ;
D’une ame ravie,
D’une ame attendrie,
Tout chacun crie ainsi que moi ;
Vive le Roi, vive le Roi !
Le Citoyen.
(i) De notre docte Académie,
Je vois l’un & Vautre Orateur,
Avec une grâce infinie,
Plaire à l’esprit, parler au coeur,
Aussi l’on s’écrie
D’une ame ravie,
Tous ensemble, & tous d’une voix
Ainsi l’on doit parler aux Rois !
Le Paysan.
Que notre Gendre a bonne mine ,
Sur son pié d’étal tout mâbré !
Du haut de fa gloire il domine
Où son biau pere est adoré ;
Aussi l’on s’écrie
D’une ame ravie,
En bon Lorrains, en vieux Gaulois,
Vivent nos Rois, vivent nos Loix !
Le Citoyen
Quelle touchante symphonie !
J’entens les vieillards, les enfans,
Joindre leurs vœux à l’harmonie
Des plus beaux sons, des plus doux chants ;
Leur ame ravie,
Leur ame attendrie
Chante les plus chéris des Rois,
Tous d’une voix, tous d’une voix.
Le Paysan.
L’allégresse seroit parfaite,
Si les deux Rois étion présan ;
Ne pouvant être, de la fète,
LOUÏS envoy fon Régiman ;
Aussi l’on s’écrie,
D’une âme ravie,
Tout comme aux champs de Fontenoi ;
Vive le Roi, vive le Roi ;
Le Citoyen,
Pour faire aimer dans tous les âges ;
Le doux empire des Titus ,
En bronze on grave leurs images,
Leurs noms, leurs bienfaits, leurs vertus
C’est sur ce modèle,
Qu’aujourd’hui le zèle
Grave les traits de notre Roi,
De ce grand Roi, de ce bon Roi,
Le Paysan.
Sur un biau tiatre en dorures,
J’ons vu des dâmes, des Monsieux
Qui dansiont comme des peintures,
Qui discouriont, on ne peut mieux ;
D’une âme ravie,
D’une ame attendrie,
Tretous disiont de notre Roi,
C’est un grand Roi, c’est un bon Roi.
Le Citoyen,
Il retrace le caractère
De tous nos Princes bienfaisans;
La Patrie en lui trouve un pere,
Tous ses sujets font ses enfans :
Aussi l’on s’écrie,
D’une âme attendrie,
Qu’un peuple est heureux sous la loi
D’un si bon Roi, d’un si bon Roi !
Le Paysan.
Morgné , c’est un grand politique,
Je sons heureux, il est content :
Pour cela voici sa rubrique,
Il a nos coeurs, j’ons son argent ;
Aussi chacun crie,
D’une ame ravie,
Que béni soit notre bon Roi !
C’est un vrai Roi, c’est un vrai Roi !
Le Citoyen.
(1) Faut-il parler, faut-il écrire ?
Faut-il converser finement ?
Tout ce qui vient de lui respire
L’esprit, le goût, le sentiment
Aussi l’on s’écrie,
D’une ame ravie,
Qu’il pence en sage, & parle en Roi !
L’habile Roi, l’aimable Roi !
Le paysan.
J’avons compté (chose incroyable)
(2) J’avons compté cent bâtimens,
Très vastes, d’un gout admirable,
Finis & payés dans trois ans ;
Aussi l’on s’écrie,
Est-ce par magie,
Que l’on voit tout ce que l’on voit ?
Le riche Roi, qu’un fage Roi !
Le Citoyen.
(3) C’est lui, qui de ces édifices
Fit les desseins, traça les plans ;
Ce n’est que d’après ses esquisses,
Qu’on vit éclorre les talens :
Aussi l’on s’écrie,
Quoi ! jusqu’au génie,
Jufqu’aux Arts il donne la loi ?
C’est plus qu’un Roi, c’est plus qu’un Roi ;
Le Paysan.
Jarni, l’on dit qu’il est Chimiste,
(5) Tout ce qu’il fait est surprenant ,
Qu’avec l’Artiste il est Artiste,
Qu’il boute à quia le Sçavant ;
Aussi sans envie ,
Chacun d’eux s’écrie,
Certe, il en sçait plus long que moi !
En tout, ma foi, c’est un grand Roi !
Le Citoyen.
Mais quel éclat ! mille fusées
Changent la nuit en un beau jour !
En soleils, en pluie, en trophées,
Des feux renaissent tour à tour
Aussi l’on s’écrie,
D’une âme ravie,
Tout brille au gré de notre Roi,
De ce grand Roi, de ce bon Roi !
Le Paysan.
Pargoy, j’ons fait bonne jornée
Sans travailler, j’ons de l’argent ;
Ils le jetiont à la poignée ;
J’ons attrapé dix écus blan.
Çà, chantons victoire,
Voici de quoi boire :
Buvons à la santé du Roi,
De ce grand Roi, de ce bon Roi.
Le Citoyen.
Que l’arbitre des destinées,
Veille sur ses précieux jours !
Et qu’aux dépens de nos années,
Il en prolonge l’heureux cours !
D’une ame ravie,
Que long-tems on crie,
Dans la Lorraine & le Barrois,
vivent nos Rois, vivent nos Rois !
Le Paysan.
Vive la France & la Lorraine !
Vive LOUIS plus de cent ans !
Vive la chere & digne Reyne !
Ses enfans & petits enfans !
Le Citoyen.
D’une ame attendrie,
Le Paysan.
D’une ame ravie,
Le Citoyen.
Chantons,
Le Paysan.
Crions,
Les deux ensemble.
Tous à la fois
Vivent nos Rois, vivent nos Rois !
(1) M. le Comte de Bressey, Maître de Camp de Cavalerie, ancien Capitaine des Gardes du Corps, Directeur actuel de la Société Royale de Nancy, harangua le Roi au nom de la Compagnie.
M. le Comte de Tressan, Lieutenant Général des Armées du Roi, prononça le Discours relatif à la solemnité de la Dédicace. Ce Discours est imprimé dans le Mercure précédent.
(2) Voyez la voix libre du Citoyen , le Discours d’un anonyme à la Société Royale de Nancy. La Réfutation du Citoyen de Genève.
(3) Il y a ici une erreur de calcul dans le compte du Paysan, car on ne compte que quatre-vingt dix-neuf Edifices nouvellement construits par le Roi, même en y comprenant les deux nouvelles Portes de la Ville, les deux Arcs de triomphe & les Bâtimens pour loger tous les Officiers de la Garnison.
(4) C’est le Roi de Pologne qui conçut l’idée, & donna de fa main l’Esquisse du Kiofsque & du Treffle de Luneville, du Château & du Sallon de Chanteux, du Pavillon Royal & du Pont de Commercy.
(5) Voyez le Rocher organique & hydraulique de Luneville, le Bateau de nouvelle construction, qui par le moyen du feu remonte les Rivieres, les diverses machines pour varier la chute des eaux & faciliter l’élévation des poids.
Trop belle la statue du Bien-aimé Louis le XV è !
“Un roi consacre la mémoire d’un autre roi de son vivant”
“Louis envoie son régiment “…..
Elle a une autre allure que celle de Stanislas. Il en existe une réplique miniature au Musée lorrain je crois. Refaire un bronze à l’identique coûterait une fortune et n’aurait plus de sens à notre époque.
Mais bon, les Lorrains sont attachés au bon roi Stanislas.
Il serait peut-être bien de rappeler pour les gens qui ne fréquentent pas la place Stanislas,
que l’ancienne statue de Louis XV a été fondue à l’occasion de la Déclaration de la Patrie en danger en 1792 et qu’elle a été fondue pour faire des canons.
Merci Claire pour ces informations complémentaires, dommage pour la statue de Louis XV, elle était stylée !