Une histoire effrayante et vraie, dénichée dans La Bigarrure au gré de mes recherches sur Diderot
Langres, 1750, un bourgeois aisé convoite la succession de deux de ses parents et cherche une solution pour se débarrasser discrètement de ses nombreux et jeunes co-héritiers.
Ruminant son funeste projet, l’idée lui vient de les inviter autour d’un bon repas qu’il préparera lui-même.
Tous présents à l’invitation, les conviés boivent et mangent avec autant d’appétit que de plaisir et se régalent du ragout assaisonné tout spécialement pour eux, par leur parent…
Oui, mais seulement, le lendemain matin, on apprend que quinze des convives sont morts dans la nuit !
Bizarrement, cet accident peu ordinaire passe pourtant pour “naturel” auprès des autorités compétentes, mais sous réserve que les autres invités se trouvent également dangereusement malades.
Les soupçons se tournent alors vers l’empoisonneur, lequel ne semblant pas même étonné d’une mortalité si subite, porte l’audace à regretter, à pleurer les morts et à se rendre aux enterrements.
Les médecins appelés auprès des malades survivants (mais pour la plupart mourants) identifient rapidement la cause de leurs symptômes et envoient un rapport à la justice pour faire secrètement déterrer les corps dans lesquels on retrouve le poison violent.
L’empoisonneur langrois, arrêté immédiatement, ne se démonte pas pour autant, et raconte comment, voulant faire une bonne farce à ses cousins cousines en leur procurant à tous une « évacuation » un peu forte (colique), il avait acheté une poudre à la place de laquelle on lui avait donné de l’arsenic.
La bigarure, ou, Meslance [sic] curieux, instructif et amusant, 1751Jordaens, Jacob XVIIe
Assassiner autant de personnes sans éveiller les soupçons, c’est à peine croyable !