Molyneux’s question

Une question fondamentale tarabuste les scientifiques et les philosophes du XVIIIe siècle.
En réponse à un extrait de l’Essai sur l’entendement humain de John Locke paru en 1688, le physicien et philosophe irlandais William Molyneux soulève la fameuse question dont voici un raccourci :
« Un aveugle de naissance qui verrait subitement serait-il capable de distinguer visuellement un cube d’un globe qu’il aurait appris à reconnaître tactilement lorsqu’il ne voyait pas ? »

Deux clans se forment, l’un répondant par l’affirmative, l’autre par la négative. Diderot est dans le camp du « oui ». Mais le plus drôle dans cette histoire est que personne ne pouvait, à cette époque, résoudre cette énigme !

En effet, la théorie cellulaire n’existait pas et personne ne pouvait comprendre le fonctionnement de l’œil.
Cette question ne fut résolue que bien plus tard, avec l’étude de la mort cellulaire. Le nerf optique d’un enfant atteint de cataracte à la naissance ne se développant pas, par conséquence, et c’est tout vu (mauvaise blague), l’aveugle né ne verra jamais.

La question telle qu’elle fut énoncée par Molyneux :
« Supposez un aveugle de naissance, qui soit présentement homme fait, auquel on ait appris à distinguer par le seul attouchement un cube d’un globe, du même métal et à peu près de la même grosseur, en sorte que lorsqu’il touche l’un et l’autre il puisse dire quel est le cube et quel est le globe ; supposez que le cube et le globe étant posés sur une table, cet aveugle vienne à jouir de la vue. On demande si en les voyant sans les toucher, il pourra les discerner, et dire quel est le globe et quel est le cube. » (II, ix, 8).


Article © PFDebert pour Diderot 2022

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