Alias Marie-Anne Collot (1748-1821), sculptrice française et lorraine (d’adoption)
Aux XVIIIe et XXe siècle, les femmes dont le travail est de poser nues pour les peintres et les sculpteurs, sont considérées comme « de petite vertu ».
Pour cette raison, on leur attribue des surnoms à l’instar des comédiennes et des chanteuses d’opéra.
Marie-Anne Collot « confiée » par son père, toute jeune et dans des conditions obscures, au sculpteur Jean-Baptiste Lemoyne portera celui de « Mlle Victoire ».
Le sculpteur, ayant remarqué chez sa jeune modèle le talent du dessin, lui donne des leçons de portraits parce que selon Diderot « Le Moine l’aime à la folie ».
À l’âge de 15 ans, Mlle Victoire apprend à modeler et à sculpter dans l’atelier du sculpteur Étienne-Maurice Falconet, dont elle est probablement la maîtresse.
On peut penser, d’après des lettres plus tardives de Diderot à Falconet, que son père la monnaye : « deux nouvelles qui ne vous déplairont pas,[…] nous avons découvert que Mlle Collot est orpheline. »
Marie-Anne Collot suivra son “mentor” Falconet en Russie où elle réalise le visage de la statue de Pierre le Grand cabrant son cheval sur les bords de la Néva (équivalent de notre tour Eiffel).
Son professeur avait vanté ainsi ses mérites auprès de l’impératrice Catherine II : « Elle est la seule de son sexe qui se soit consacrée au pénible métier de travailler le marbre et de le travailler avec succès. » (29 décembre 1766)
Diderot et sa femme considèrent la jeune artiste comme leur propre enfant. Leur petite-fille sera baptisée Marie-Anne en l’honneur de Mlle Victoire.
— P. FDebert 2021 pour
Diderot – L’inattendu –
Encyclopédie pittoresque
Pascale Debert & Frédéric Chef
LIRALEST – Editions Le Pythagore 2022