Je chante les Saisons , & la marche féconde
Du globe lumineux qui les dispense au monde ;
Du Dieu qui le conduit j’annonce la bonté ;
Il prépare au Printems les trésors de l’Eté ;
L’Automne les enlève aux campagnes fertiles,
Et l’Hiver en tribut les reçoit dans nos villes.
O Toi, qui de l’espace as peuplé les déserts ,
Et de soleils sans nombre éclairas l’univers,
Qui diriges la course éternelle & rapide
Des mondes emportés dans les plaines du vuide,
Arbitre des destins, maître des élémens ;
Toi dont la volonté créa l’ordre & le tems,
Tu prodiguas tes dons sur ce globe d’argile,
Et ta bonté pour nous décora notre asyle :
Mais l’homme a négligé les présents de tes mains ;
Je viens de leur richesse avertir les humains,
Des plaisirs faits pour eux, leur tracer la peinture,
Leur apprendre à connoître, â sentir la nature.
O Dieu de l’univers, Dieu que j’ose implorer ,
Accepte mon hommage , & daigne m’éclairer.
Et toi, qui m’as choisi pour embellir ma vie,
Doux repos de mon cœur, aimable & tendre amie,
Toi qui sais de nos champs admirer les beautés ;
Dérobe-toi, Doris, au luxe des cités,
Aux arts dont tu jouis, au monde où tu sais plaire ;
Le Printems te rappelle au vallon solitaire ;
Heureux si près de toi, je chante à son retour
Ses dons & ses plaisirs, la campagne & l’amour !
L’homme s’éveille encor à la voix des tempêtes ,
Mais ce sombre ouragan qui mugit sur nos têtes,
Traversa du midi les sables & les mers ;
Les feux & les vapeurs qu’il répand dans les airs ,
S’assemblent dans leur course, & forment ces nuages
Dont les flots tempérés inondent nos rivages ;
Sur les côteaux blanchis, & sur les champs glacés
Ils fondent, en tombant, les frimats entassés.
J’entends déja des monts les neiges écoulées
En torrents orageux rouler dans les vallées.
Les fleuves déchaînés sortent de leurs canaux,
Ils brisent les glaçons qui flottent sur leurs eaux.
Neptune a soulevé ses plaines turbulentes,
La mer tombe & bondit sur ses rives tremblantes ;
Elle remonte & gronde, & ses coups redoublés
Font retentir l’abyme & les monts ébranlés.
Sous un ciel ténébreux Borée & le zéphyre,
Des airs qu’ils ont troublés se disputoient l’empire,
Et des champs dévastés, les tristes habitants
Les yeux levés au ciel demandoient le printems.
Mais les sombres vapeurs qui retardent l’aurore
S’entr’ouvrent aux raïons du soleil qui les dore ;
L’astre victorieux perce le voile obscur
Qui nous cachoit son disque & le céleste azur.
Il se peint sur les mers, il enflamme les nues ;
Les groupes variés de ces eaux suspendues,
Dispersés par les vents, entassés dans les cieux,
Y forment au hazard un cahos radieux.
A peine ce beau jour succède à l’ombre humide,
Le berger vigilant, l’agriculteur avide
De la nature oisive observent le réveil,
Et loin de leurs foyers vont jouir du Soleil.
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