Êtes-vous plutôt “opéra brûlé” ou “prune Monsieur” ?

Vers 1780, une façon détournée de se moquer de la monarchie absolue gagne joyeusement tous les esprits.

Cette moquerie commence le jour, où la reine ayant arboré une robe de taffetas d’un violet brunâtre, Louis XVI s’écrie en la voyant : « C’est la couleur des puces ! »
La reine étant l’influenceuse numéro 1 de son époque, on voit apparaître alors toute une gamme de la nouvelle couleur : vielle puce, ventre de puce, cuisse de puce.

Du Caraco de taffetas puce un peu clair à l’habit de drap puce en passant par le manchon en sabot puce moirée, le Cabinet des Modes n’en finit pas de décliner les versions tendance automne hyver qui retourneront la tête des fashionistas parisiens.

La nouvelle couleur « boue de Paris » apparaît en 1781.
Le marquis de Sade, alors enfermé à Vincennes, demande à sa femme de lui apporter plusieurs vêtements :
« Tu feras faire l’autre habit plus à l’aise ; pourvu que je l’aie pour le départ cela suffira : boue de Paris sera très bien, mais fais-y mettre quelques enjolivements en argent, mais point de galons surtout. »

La moquerie atteint son point culminant lorsqu’en 1782, à l’occasion de la naissance du dauphin, tout Paris est vêtu de « caca dauphin ».

Marie Antoinette n’y voit que du feu, elle est même flattée lorsque, le comte d’Artois ayant comparé ses cheveux blonds à une étoffe de satin, toute la France pendant un an ne jure que par des habits « aux cheveux de la reine ».

Chaque jour, de nouvelles couleurs sont inventées : l’opéra brûle, on s’habille en « opéra brûlé » ; le frère de louis XIV adorait les prunes, alors va pour le « prune Monsieur »…

S’ensuivent des noms plus ridicules les uns que les autres : violet d’évêque, pluie de rose, fleur de soufre, gorge de pigeon, opéra brûlé, feu d’opéra, opéra tison, bois d’acajou verni, fromage de Hollande, saucisson pâte charnue, queue de serin, ventre de carmélite, saumon intimidé…

Les habits couleur « suie des cheminées de Londres » sont de la dernière mode à Paris, en 1786.