Londres, le 10 mars 1914, la suffragette Mary Richardson passe les portes de la National Gallery.
Après avoir contemplé La Vénus au Miroir, elle sort de sa poche un petit hachoir de boucher et taillade de plusieurs coups le tableau de Vélasquez considéré comme un chef d’œuvre de la Renaissance.
Si son geste, analysé, décortiqué, psychanalysé, interroge encore aujourd’hui, Mary n’en a pas moins raté sa cible.
Celle de se faire entendre.
La militante raconte que le modèle peint par Vélasquez ressemble à Emmeline Pankhurst, chef de file du mouvement féministe « Women’s Social and Political Union », et elle affirme : « J’ai essayé de détruire le portrait de la plus belle femme de l’histoire mythologique pour protester contre le Gouvernement qui détruit Mme Pankhurst, la plus belle figure de l’histoire moderne ».
Mais alors pourquoi détruire l’image d’une personne admirée ?
On sait aujourd’hui que les représentations de ces « Vénus » de la Renaissance n’étaient, en réalité, que des prétextes pour érotiser le corps des femmes, ces tableaux étant par ailleurs interdits sous l’inquisition.
Mary Richardson n’aurait-elle pas détruit, par intuition, une représentation objectifiée du corps féminin ?
Cet acte de vandalisme pose toujours question…
La vénus lacérée
L’image empreinte d’intentions. La « Vénus tailladée ».
https://www.cairn.info/revue-l-annee-psychologique-2020-3-page-321.htm