Le Parc-aux-Cerfs

Le Parc-aux-Cerfs est une maison secrète dans laquelle Louis XV allait faire son marché de chair fraîche entre 1751 et 1764.
Le nombre de jeunes filles, femmes et enfants passés par cette maison versaillaise serait officiellement ” entre 10 et 40 “, mais en réalité on ne sait pas.
La plus jeune fille connue s’appelle « la petite O’Murphy ». Elle est repérée par Casanova à seulement 13 ans. C’est le modèle préféré du peintre Boucher et le roi la trouve à son goût.
C’est le premier valet du roi, M. Lebel, qui recrute les élues (souvent livrées par leurs parents). Elle sont triées suivant leur ordre sociale, à droite la noblesse, à gauche la roture.
En échange, ces « petites maîtresses » reçoivent de royales pensions.
Le roi, véritable modèle de ses courtisans, lance la mode de consommer de très jeunes filles et de nombreuses maisons galantes sont construites autour du Parc-aux-Cerfs, ancienne réserve de cerfs de Louis XIII.
Ce système de prostitution est très bien décrit par les inspecteurs de la police des mœurs de l’époque, MM. Meusnier et Marais qui ne manquent pas une occasion de se rendre sur place, dans les petites maisons, pour relater en détails les infractions commises par les courtisans (Archives parisiennes).
Pour échapper à cette police des mœurs, les très jeunes filles passent souvent par l’Opéra, car l’Académie royale de musique, en les émancipant, les protège des arrestations.
Ainsi le prince de Conti pensionne « la petite Dervieux », danseuse de 13 ans.

Le parc-aux-Cerf et les Petites Maisons Galantes“, Chronique du XVIIIe siècle, Jean Hervez, 1947.
Mlle Dervieux, Fille d’Opéra, Roger Baschet

O’Murphy, jeune fille de 13 ans peinte par Boucher
Mlle Duthé, danseuse

2 Replies to “Le Parc-aux-Cerfs”

  1. Merci Pascale.
    Mais ce texte reflète bien l’historiographe du XIXe siècle et des années suivantes.
    Donc Louis XV a certes eu de nombreuses maitresses mais leur nb au Parc aux cerfs est “calculable” ( entre 10 et 40 de 1751 à 1764) et il n’a pas été pédophile (enfants) ni pédocriminel, ce qui est plus juste comme expression.
    La majorité sexuelle était de 13 ans dans l’Ancien Régime , c’est donc à cet âge que se mariaient un certain nb d’aristocrates (et pas la population ordinaire qui évitait ainsi les naissances). Les filles ont plus de 14-15 ans.
    La maison du parc aux cerfs n’est pas un quartier de Versailles.
    C’est une maison simple dans une rue. Il n’y avait pas un “harem” que fantasme l’auteur masculin de cet article. Y était hébergée une seule jeune fille à la fois avec du personnel. Elle y vivait et rencontrait le roi au château.
    La liaison durait quelques mois jusqu’à ce que la jeune fille soit enceinte.
    A ce moment, Louis XV lui payait une belle rente à vie avec une rente pour l’enfant à naître.

    Il est largement temps en 2024, de se départir de cette image de Louis XV, image qui a été construite au XIXe siècle pour justifier les “bordels” de la grande bourgeoisie masculine (“Nana”) en construisant une mythologie sexuelle autour de Louis XV.
    Louis XIV et Henri IV en ont fait bien plus…
    Bonne journée,
    Pascale Mormiche
    auteur de “Le petit Louis XV, enfance d’un prince, genèse d’un roi (1704-1725)”

    1. Bonjour, merci pour vos précisions. J’ai tenté de rédiger mon article en relativisant les propos des écrits par les auteurs des XIXe et XX siècles, qui sont bien pires et probablement faussés. Pour ces raisons, je ne parle pas de harem car j’ai noté beaucoup d’anachronisme dans les femmes citées par ces auteurs.
      Néanmoins, le nombre entre 10 et 40 est tout de même beaucoup.
      Les filles de 13, 14 ou 16 ans n’étaient pas différentes d’aujourd’hui, et la plupart étaient malheureusement violées. Greuze en fait des portraits très explicites (La Cruche cassée). Les tableaux de Boucher reflètent également bien l’esprit de l’époque, lui qui trouvait que les nus de la peintre Dorothea Therbusch étaient obscènes…
      Plusieurs documents attestent que si l’âge nubile était de 12 ans, et que certaines “enfants” (je pense qu’à 12 ans, on est une enfant) étaient mariées à cette âge, bien souvent, on recommandait aux hommes d’attendre pour ne pas mettre en danger leur femme par une éventuelle grossesse. C’est le cas du comte de Plélo lorsqu’il épouse Louise Françoise Phélypeaux de La Vrillière qui n’avait pas encore 14 ans (La vie du comte de Plélo par Victor Riqueti, marquis de Mirabeau, 1740).
      Je souhaitais montrer le parallèle avec notre époque et mettre en regard le roi et sa cour qui avaient tous les droits et ces hommes de pouvoir, réalisateurs, hommes politiques, personnalités médiatiques qui bénéficient également d’impunité.
      Amicalement
      — PFD

Laisser un commentaire