En 1775, le marquis de Gouy d’Arsy, 58 ans, trouve que sa femme Yvonette de Rivié (52 ans) mène « une vie débordée entourée damans et de godelureaux qu’elle soudoie, tient une conduite scandaleuse. C’est une Putain… »
Dès lors, il souhaite la priver « des sociétés honorables au milieu desquels elle vivait » et diminue son train de vie.
Pour cela, il lui ôte son hôtel et la fait demeurer Faubourg Saint-Marceau, quartier indigent de Paris dans une chambre carrée sans cour.
Après quelque temps, des amis prennent soin d’informer de son état le lieutenant criminel du Châtelet. Elle-même lui écrit personnellement.
« La suppliante a été réduite à ne voir servir que du vin de cabaret à ses parens et amis qui ont bien voulu partager avec elle sa table frugale. Elle a la douleur de voir plusieurs personnes grièvement incommodées d’avoir bu ce vin… a dit au cuisinier de lui donner à manger que ce qu’il fallait pour remplir son estomac. »
Certes les marquis n’ont aucune obligation d’être polis ; le marquis Louis de Gouy, seigneur d’Arsy peut écrire sans gène que sa femme est une putain et l’obliger à vivre dans l’indigence (Arlette Farge, Vies oubliées du XVIIIe s.).
En réalité il la punit d’avoir demandé une séparation de corps (divorce).
Devenue extrêmement riche*, Yvonette Rivié de Riquebourg souhaitait se débarrasser de son mari pour le moins mal-poli.
Mais le mari, défendu par l’avocat Simon Linguet, gagne le procès et fait payer à sa femme son désir de liberté.
* En 1762, Anne “Yvonette” Marguerite Esther RIVIÉ de RIQUEBOURG est la seule héritière de l’immense succession d’Etienne Rivié, son père, lui même héritier du Grand Rivié (Thomas Rivié).
Archives de la Bastille, Ms 12 412, 1775, D-L.
D’après Arlette Farge, « Vies oubliées du XVIIIe siècle »