En Lorraine, le Diable s’habillait en “Luther”

En 1571, Pierre Woeriot de Bouzey signe les gravures d’un étrange recueil intitulé « Emblèmes, ou devises chrestiennes ».
Converti depuis peu à la religion protestante, ce graveur vosgien dessine des vignettes sous la dictée de « noble dame Georgette de Montenay », cousine et dame d’honneur de la reine de Navarre Jeanne d’Albret.
Et Georgette n’y va pas avec le dos de la cuillère pour faire passer le message « à fond contre la papauté » !
Leur ouvrage protestant est diffusé en grand nombre dans tous les centres huguenots. La propagande par l’image, c’est mieux pour les illettrés.
Ces images bourrées de symboles ont déferlé sur les Lorrains dans la petite vallée de Sainte-Marie-aux-Mines, haut-lieu du protestantisme avec la seigneurie de Ribeaupierre.
Les idées de Luther et de Calvin se diffusent comme une trainée de poudre et vont jusqu’à inquiéter le pouvoir, c’est à dire le duc de Lorraine, Charles III.
Inquiet, le duc confie à son conseiller Nicolas Remy le soin de régler ce problème « épineux ».
Nicolas Remy, convaincu et sadique, orchestre alors une vaste chasse aux sorcières, afin de répandre « la lumière et la vérité ».
Cette chasse aux hérétiques démarre, justement, dans la région de Sainte-Marie-aux-Mines. Etrange, non ?
Luther se cacherait-il sous les traits du Diable ? Les paysans des environs de la vallée en sont persuadés, ils l’ont vu et leurs témoignages sont accablants…
Plus de 900 personnes périssent en Lorraine entre 1577 et 1592, condamnés au bûcher pour satanisme par Nicolas Rémy.
Une étude diablement menée par PFD.