Quand ça tient dans la poche, Mme de Graffigny connaît bien…

Actuellement au musée Cognacq-Jay,
Luxe de poche
Petits objets précieux au siècle des Lumières
Une exposition à voir Jusqu’au 29 septembre 2024

Quand ça tient dans la poche, Mme de Graffigny connaît bien…
Elle qui n’hésite pas à « glisser dans sa poche » un « marabou » (figurine en porcelaine), pour faire rire son ami « Panpan » alias François Devaux.
De passage chez la duchesse de Lorraine en septembre 1738, les journées à Commercy sont longues, la « bonne Grosse » passe son temps à « ravauder », « badauder », « rognogner », bref à traîner ses « vieilles mules » dans les couloirs du château et elle raconte à Panpan comment, ce samedi 27 septembre, elle est devenue une voleuse :

« Mon cul et mon pied allaient mieux ce matin, mais je viens de tant marcher que je n’en puis plus. J’ai eté le matin a toute les cour. J’ai diné seule. Apres diner j’ai senti qu’il n’etoit pas bon pour moi de rester seule. Je suis dessendue chez la Belle [chez la princesse Anne-Charlotte mais elle était absente]. […] Il n’y avoit que Fanchon et moi. […] Il m’a pris envie de voir la biblioteque. Nous y avons eté. Ensuite nous nous sommes amusées a voir les marabous [porcelaines] des cabinets de Mde [la duchesse]. J’en ai trouvé un petit si joli que je l’ai mis dans ma poche, et ce vol n’est fait que pour toi. Il te ressemble comme deux goute d’eau quand tu es en robe de chambre et que tu grimasses un clou, car il crie. »

Article PFD Extraits de Petits Riens de Mme de Graffigny
Editions LIRALEST

Petits Riens de Mme de Graffigny, P. Fourtier-Debert

Autre histoire de « poches »
Les poches de la marquise
Un extrait du mémoire de Mademoiselle Dorville (blanchisseuse) à Mme du Chastellet, pour le blanchissage du linge de la marquise détaille les poches telles qu’elles existaient au XVIIIe s., soit des “sacs” en tissus suspendus à la ceinture.
Ces poches de 40 cm X 30 cm, sont indispensables pour la mathématicienne qui ne se sépare jamais de son étui contenant ses instruments de mesure : équerre, compas, règle…

Accessoire distinct du vestiaire féminin, les poches des femmes se présentent pendant environ deux siècles sous la forme de sacs oblongs qu’un lien permet de nouer autour de la taille sous le jupon (openedition).

Les poches sont en quelque sorte les “ancêtres” de nos sacs à mains, en plus discrètes.

Définition de l’Encyclopédie :
Poche, terme de Tailleur, espece de petit sac de toile ou de cuir, qui est attaché à quelques habillemens des hommes & des femmes, & qui sert à mettre & porter diverses choses qu’on veut avoir sur soi. Il y a ordinairement des poches aux justes-aux-corps, aux surtous, aux vestes, & aux culottes : celles des culottes se font de cuir de mouton passé en mégie ; ce sont les maîtres Boursiers qui les taillent & fabriquent, d’où ils ont pris un de leurs noms. (D. J.)
Article PFD

Autre article sur open édition

Mémoire de Mlle Dorville, Archive : fonds Du Châtelet, Archives départementales de Haute-Marne.
Paires de poches, XVIIIe siècle
Illustrations, Poupée en jupon et chemise portant une paire de poches, c.1760 (détail), MCAG.1955.21
© Manchester Art Gallery
Paire de poches brodées portant les initiales « GO » ainsi que la date « 1774 », Gallery of Costume, Platt Hall, Manchester, MCAG. 1951.107

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