De « Marchands de bois en Lorraine » au « Gotha », l’ascension fulgurante des frères Babaud

Cet été, j’étais heureuse de changer d’air en quittant la Lorraine pour le Nivernais (actuelle Nièvre).
Mais, après quelques recherches sur l’histoire du domaine ou je séjournai très agréablement, je me suis aperçue qu’il appartenait, au XVIIIe siècle, à un ancien marchand de bois lorrain ! et cerise sur le gâteau, que celui-ci et son frère s’étaient associés pour faire des affaires avec le « directeur général des finances du duc Léopold de Lorraine » !
La Lorraine est formidable parce qu’elle est partout…

Voici donc la réussite extraordinaire de Pierre Babaud, « marchand de bois en Lorraine » devenu Pierre Babaud de la Chaussade « conseiller-secrétaire du roi ».


Au milieu du XVIIIe siècle, Pierre Babaud de la Chaussade est l’un des plus gros industriels de France. Fournisseur exclusif de la marine royale, il embauche dans ses nombreuses forges pas moins de 2 000 ouvriers. De ses forges et de ses fourneaux sortent les ancres pour la Marine, la Compagnie des Indes et les Colonies.


Fils de Pierre Babaud, sieur de Beaupré, exploitant des bois de Bitche en Lorraine, Pierre Babaud (1706-1792) et son frère Jean (1702-1739) s’associent au financier suisse Jacques MASSON, qui est directeur général des finances du duc Léopold de Lorraine, excusez du peu.
Pour faire des affaires, les trois hommes sont surdoués, Jacques Masson sera même pris la main dans le sac à la mort du duc Léopold et sera emprisonné quelques mois dans les prisons de Nancy.
Le financier s’est fait une fortune suspecte et rapide dans l’administration des finances du duché de Lorraine, où il s’est enrichi dans le commerce du bois. Il est le premier à acheter les forges de Guérigny dans le Nivernais en 1720.

Les BABAUD mariés avec les MASSON, et vice-versa, acquièrent la totalité des forges de la région autour de la Charité-sur-Loire pour y produire les ancres de la marine royale. Ayant le monopole de ce commerce, et protégé par Maurepas, les deux familles bâtissent rapidement un empire industriel.

Photographie © PFD 2024
Photographie © PFD 2024



En 1741, après la mort de son frère et de son beau-père (Masson), Pierre Babaud est à la tête d’un empire, « qui s’étend sur trente paroisses en Berry et en Nivernais. Il possède cinq hauts fourneaux, dix-sept forges, cinq forges aux ancres ». Il obtient une sorte de monopole en 1762, petit exemple de capitalisme métallurgique entièrement lié aux commandes d’État, fournit en fers et en ancres les ports de guerre français ainsi que la Compagnie des Indes. Il peut produire jusqu’à 4 000 tonnes de fers pour la Marine et emploie plus de 2 000 ouvriers. »

Pierre Babaud de la Chaussade
Ancien domaine de Pierre Babaud de la Chaussade au XVIIIe s.

Seigneur de Beaumont-la-Ferrière, Fournisseur de la Marine royale, maître de forges et forestier, Pierre BABAUD de La CHAUSSADE est anobli en 1743, avec la charge de conseiller-secrétaire du roi.

Rose BABAUD DE LA CHAUSSADE,
comtesse de BIZY

Tous ses descendants font des mariages prestigieux, sa petite-fille, Louise Rose BABAUD DE LA CHAUSSADE (1747-1817) devient comtesse de BIZY, en épousant Etienne BERTHIER DE BIZY.
Rose Babaud de la Chaussade est une femme d’affaires et une femme de lettres célèbre de son époque. Disciple de Jean-Jacques Rousseau, elle entretient une correspondance avec le philosophe tout en administrant les forges de son domaine lorsque son mari et son fils sont emprisonnés à la Révolution.
A-t-elle habité dans le château où j’ai séjourné cet été ? Rien n’est moins sûr car, malgré que celui-ci ait conservé les traces d’un passé prestigieux, la résidence officielle de la comtesse était le château de Bizy, beaucoup plus ostentatoire…
Si “mon domaine estival” fut vendu deux fois, en 1749 et en 1782, comme l’attestent les Affiches de Paris, il semble cependant être resté dans la famille de PIERRE BABAUD DE LA CHAUSSADE et appartiendrait toujours aux descendants de Rose.

Photographie © PFD 2024
Photographie © PFD 2024
Descendants de Pierre Babaud de la Chaussage par Elisabeth Vigée-Lebrun
Ciel de lit à l’Impérial

4 Replies to “De « Marchands de bois en Lorraine » au « Gotha », l’ascension fulgurante des frères Babaud”

  1. Quel talent Pascale…
    Alain

    1. Merci Alain, belle journée à toi

  2. très intéressant Pascale …………comme toujours ……une saga du 18eme très instructive et riche d’enseignements sur l’histoire de la période et l’évolution sociale d’alors .Pouvez -vous m’indiquer l’adresse de charme où vous avez séjourné …dans un décor 18eme il va de soi!!!!
    Gilles

  3. et se faire portraiturer par Vigée-Lebrun à la fin du 18eme, dit tout sur la réussite de la famille !!!!!!!!!!

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