Les papiers peints “Papillon” refusés par le directeur de l’Encyclopédie

Dessins de J.-B., M. Papillon

Fait assez rare pour le souligner, Diderot refusa les planches réalisées par Jean-Baptiste Michel Papillon (1698- 1776) pour illustrer l’article « PAPIER PEINT » de l’Encyclopédie, soit 89 dessins retraçant toutes les phases de la fabrication et de la pose du papier peint, dessinées aux environs de 1740 (revue Byblis).

Pourquoi ? La raison est assez floue, mais c’est probablement parce que le directeur de l’Encyclopédie considéra que M. Papillon proposait trop de planches, 20 (89 dessins), et trop de textes, et que cette mésentente (autour de 1751) aurait signé la fin de leur collaboration.

Diderot laisse deviner dans l’article « GRAVURE EN BOIS » que l’éditeur, inondé et agacé par les « mémoires très-savans & très-étendus que M. Papillon nous a communiqués » n’a « eu que le petit mérite de les rédiger ».
Ceci explique les planches et les articles succincts, voire inexistants du métier TAPISSIER EN PAPIER, pourtant fort à la mode de l’époque.
En effet, les esthètes de toutes les classes sociales confondues en sont fous et en recouvrent leurs murs.

C’est en s’inspirant du métier de son père Jean I Papillon, dominotier (fabricant d’images, de cartes à jouer et de papiers décorés), des « indiennes » (étoffes imprimées venues des Indes orientales appelées aussi « CHITES » dont il fait l’article pour l’Encyclopédie) et des papiers de Chine (dont recouvre ses murs Mme du Châtelet) que Jean-Baptiste Michel Papillon (1698- 1776) a une idée de génie :
Réaliser des motifs répétitifs sur de grands formats afin d’en tapisser les murs. Il tire le meilleur parti de tous les progrès réalisés à la fin du XVIIe siècle (notamment par son père, Jean) en matière de gravure sur bois, d’encrage, d’assemblage et de collage des feuilles. Ses décors continus peuvent être rehaussés de couleurs imprimées et non plus peintes à la main ou au pochoir.
Son invention rencontre un succès phénoménal.
Malgré tout, Jean-Michel Papillon ne sera jamais reconnu pour ce coup de génie.
L’art du papier peint restera un art mineur.

Le célèbre entrepreneurJean-Baptiste Réveillon voit, quant à lui, parfaitement le profit qu’il peut tirer de la vogue marquée pour les “papiers peints” et de simple négociant de “flock papers”, il en sera producteur à partir de 1756, et fondera sa manufacture royale faubourg Saint-Antoine à Paris.

Article PFDebert 2024
Voir les planches complètes de M. Papillon ici


(Encyclopédie)
TAPISSIER EN PAPIER. C’est une des qualités que prennent à Paris les dominotiers-imagers, c’est-à-dire ces sortes de papetiers-imprimeurs qui font le papier-marbré, ou qui en mettent en diverses autres couleurs. On les appelle Tapissiers, parce qu’en effet, ils gravent, impriment & vendent des feuilles de papier, où sont représentés par parties différens desseins, dont on compose, en les réunissant & les col​lant ensemble, des tapisseries rehaussées de couleurs qui font un effet très-agréable. Voyez Dominotier & Gravure en Bois.

Dessins de J.-B., M. Papillon

DOMINO, s. m. (Manufact.1​ & Comm.2​) sorte de papier, dont le trait, les desseins, & les personnages sont imprimés avec des ​planches de bois​ grossierement faites, puis les couleurs mises dessus avec le ​patron, ​comme on le pratique pour les cartes à joüer​. Le domino se fabrique particulierement à ​Rouen & en d’​autres villes de province. Il ne peut servir qu’aux paysans, qui en achetent pour garnir le haut de leurs cheminées. Tous les dominos sont sans goût, sans correction de desseins, encore plus mal enluminés, & patronnés de couleurs dures. Article de M. Papillon.

Papier peint au chinois, époque Louis XV. Photo Coutau-Begarie
impression polychrome à la planche rehaussée ; kiosque rocaille et pagode animés de personnages, potiches et branches fleuries noueuses.
Portrait de Jean Baptiste Michel Papillon
Papiers peints Papillon
Papier dominoté
Planche V

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