La dernière lettre de Charlotte de Rutant retrouvée 231 ans après sa mort

Château de Saulxures-lès-Nancy


« […] Si j’eusse pu imaginer qu’il existât un homme semblable à l’accusateur public, lui seul est responsable de ma mort. […] »

Le texte de la dernière lettre de Charlotte de Rutant, guillotinée le 5 octobre 1793, a été transmis à ses descendants 231 ans après sa mort.
Charlotte de Rutant y exprime tout son effroi mais aussi toute sa dignité face à sa mort horrible ordonnée par Fouquier-Tinville.
« [à son frère André] […] J’espère qu’on voudra bien te remettre mes cheveux qui n’auront point été touché par l’exécuteur. […] »
Son ultime adieu brouillé de larmes ne parviendra jamais à ses proches. Il sera détourné comme des centaines d’autres lettres par Fouquier-Tinville. Surnommé le « Pourvoyeur de la guillotine », l’accusateur public obtient en dix-sept mois la mort de plus de deux mille personnes dont il ne respectera même pas la dernière volonté.
«[…] Partagez-vous mes cheveux mes amis, et ne m’oubliez pas quand mon souvenir sera trop pénible à vos âmes, adieu ! »

Cette lettre de Charlotte, écrite quelques heures seulement avant son exécution, fut retrouvée aux Archives nationales en 1984 par l’historien Olivier Blanc, dans un fonds oublié du Tribunal révolutionnaire.
Très ému par la forte personnalité de la jeune femme de 22 ans, il sélectionne sa lettre parmi des centaines d’autres pour réaliser son ouvrage La Dernière lettre.
Grace à un message posté par celui-ci sur un article de mon blog concernant Charlotte de Rutant, nos publications parallèles ont ainsi pu se rejoindre et j’ai eu la chance, début octobre 2024, d’informer les descendants de l’existence de cette dernière lettre dont ils n’avaient jamais eu connaissance.



Charlotte finit sa lettre par ses vers de Madame Des Houlières lesquels, dit-elle, contribuent à son calme avant sa décapitation :
« Hélas ! Hélas ! pour vouloir vivre,
La vie est-elle un bien si doux !
Quand nous l’aimons tant, songeons-nous
De combien de chagrins sa perte nous délivre ?
Elle n’est qu’un amas de craintes, de douleurs,
De travaux, de soucis, de peines ;
Pour qui connaît les misères humaines
Mourir n’est pas le plus grand des malheurs ! »

Dans sa lettre, Charlotte montre son calme et sa résignation devant la mort pour atténuer l’impact terrible qu’aura sa disparition sur ses proches.
Malheureusement, sa lettre n’arrivera jamais à ses destinataires et fut oubliée comme tant d’autres, au fond d’un carton des Archives nationales.

Article © PFD 2024
La Dernière lettre, O. Blanc, 1984, R. Lafont,
La courte vie de Charlotte de Rutant, P. Fourtier-Debert, 2019, Liralest

Portrait de Fouquier-Tinville, par Vivant-Denon
La Dernière Lettre, Olivier Blanc, 1984
La Dernière Lettre, Olivier Blanc, 1984
La courte vie de Charlotte de Rutant, Editions Liralest

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