Très à la mode dans les milieux aristocratiques à la fin du XVIIe et durant tout le XVIIIe siècle*, les marionnettes tombent en disgrâce au XIXe siècle, ne touchant plus que les milieux populaires.
Les bourgeois du XIXe s. n’aiment pas la dérision ! Encore moins lorsqu’ils en sont les cibles…
Dépourvues de l’esprit que leur prêtaient les philosophes, les marionnettes se transforment en automates, car pour intéresser leur public, les artistes forains, appelés désormais des “mécaniciens”, usent de subterfuges mécaniques afin de créer un monde d’illusion visuelle.
Des le début du XIXe siècle, de nombreux “spectacles mécaniques ambulants” sillonnent les routes de France pour le plus grand plaisir du “peuple et des gens d’esprit”.
Ainsi à Haréville-les-Chanteurs, une famille choisit de faire évoluer son métier de colporteur, marchand de Saint-Hubert, vers celui de “mécanicien de spectacle ambulant“.
Au XXe siècle, détrônées par les acteurs du cinéma ambulant, les marionnettes seront délaissées et réservées à un public enfantin.
- Selon Mme de Graffigny, invitée à Cirey, Voltaire adorait les marionnettes :
« On nous promet les marionnettes. Il y en a ici près de
très-bonnes, qu’on a tant qu’on veut. » Le 16 décembre elle
écrit : « Je sors des marionnettes, qui m’ont beaucoup di
vertie; elles sont très-bonnes. On a joué la pièce ou la
femme de Polichinelle croit faire mourir son mari en chan
tant fagnana! fagnana! C’était un plaisir ravissant que
d’entendre Voltaire dire sérieusement que la pièce est très-
honne ; il est vrai qu’elle l’est autant qu’elle peut l’être pour
de telles gens. Cela est fou de rire de pareilles fadaises,
n’est-ce pas? Eh bien? j’ai ri… Le théâtre est fort joli, mais
la salle est petite. Un théâtre et une salle de marionnettes à
Cirey! Oh! c’est drôle! Mais qu’y a-t-il d’étonnant ? Voltaire
est aussi aimable enfant que sage philosophe. »
Illustration couverture : Le Montreur de marionnettes, Fragonard, XVIIIe s.