
« Comptes de la dépense » de la famille ducale en 1711.
C’est un beau gros livre relié en parchemin qui égraine les dépenses de la famille ducale pendant l’année 1711 et qui est consultable aux archives départementales de Meurthe et Moselle.
Véritable « inventaire à la Prévert », toutes les dépenses de la maison de Lorraine y sont consignées :
Dépenses de la Bouche, en Luminaires (chandelles), en Linge de Table et Blanchissage, en Batterie de Cuisine, en Meubles, Peintures, Joyaux et Argenterie, de la Garde-robe, en Aumônes, etc.
Mais les plus amusantes sont les “Dépenses Extraordinaires” !
En 1711, il faut savoir que la vie à la cour de Lorraine est paisible et que la famille ducale se partage entre ses châteaux de Lunéville, de la Malgrange et de Commercy. Le palais ducal de Nancy est quant à lui boudé (on y fait juste nettoyer la cour).
Le duc et la duchesse sont entourés de leurs six enfants, Élisabeth-Charlotte, 11 ans, Marie-Gabrielle-Charlotte, 9 ans, Louis, 7 ans, Léopold-Clément-Charles, 4 ans, François-Étienne, 3 ans,Élisabeth-Thérèse, qui vient de naître.
Leurs dépenses de 1711 dévoilent une vie de cour sans soucis :
On mange des oranges. On fait venir “la marée” de Bruxelles, ou encore, de Flandres, des faisans blancs et des peupliers pour agrémenter les jardins du château de Lunéville. On achète des chevaux anglais. On nourrit les chiens de la vannerie avec de la soupe de “ventre de bœufs”. On paie la “subsistance” des prisonniers des Tours Notre-Dame, les commissions au valet de Mme Royale et la nourriture du valet de M. Rutant. On achète des bottes pour les gens de livrée. On commande des cages d’oiseaux en bâtons tournés. On fait raccommoder les montres et les pendules par M. Richard. On fait venir des oignons de fleurs de Rouen, etc.
Parmi les fameuses Dépenses Extraordinaires :
On achète des cure-dents, et des agates. On assiste à une pastorale jouée à Lunéville et à Nancy. On entretient les fleurets des pages. On paie quarante six livres à Claude Pelu pour avoir “été quérir de l’eau à la fontaine”.
Et, cerise sur le gâteau, on assiste au spectacle de marionnettes donné spécialement pour les Princes et Princesses et dont le décor est réalisé par le peintre Van Schuppen.
(En 1710, Louis XV, âgé de 3 ans, assiste lui-aussi à des spectacles de marionnettes.)
Malheureusement, l’année 1711 sera terrible pour la famille ducale. Une épidémie de petite vérole s’abat sur la Lorraine et décime trois enfants princiers.
Seuls Léopold-Clément-Charles, François-Étienne (futur empereur du Saint-Empire), et Élisabeth-Thérèse survivront à cette épidémie. Quant à Léopold-Clément, il décède à 16 ans.
Deux autres enfants, Charles-Alexandre-Emmanuel (futur gouverneur de Bruxelles) et Anne-Charlotte, naissent en 1712 et 1714.
Sur 14 enfants ducaux, seuls quatre survivront jusqu’à l’âge adulte.
