Saviez-vous que le mythe des vampires venait de l’Est de l’Europe ?
La grande vogue du vampirisme date du XVIIIe siècle et ce mythe (originaire de la Dalmatie, actuelle Croatie) est rendu célèbre jusqu’en Lorraine par les récits des officiers lorrains et autrichiens alors en mission en Hongrie, Moravie, Banat(1)…
Le nom de vampire apparaît en 1732 et se répand pernicieusement grâce à l’ouvrage de Dom Calmet (célèbre écrivain lorrain), qui fait une compilation des récits des officiers dans son célèbre livre “Traité sur les apparitions des esprits et sur les vampires ou les revenants…” !
Le bénédictin y raconte par exemple, l’histoire d’Arnold Paole(2), habitant du Banat, tourmenté en 1731 « sur les frontières de la Serbie turque » par « un vampire turc », et qui devient lui même un « vampire » ! Pour tenter de calmer les paysans inquiets, son cadavre est exhumé et décapité publiquement le 7 janvier 1732.
Pour Voltaire (très critique vis-à-vis de Dom Calmet), parler de ce mythe contribue à la diffusion d’une infection idéologique pernicieuse…
(1) Le Banat, actuelle Roumanie, est en 1720 une contrée lointaine appartenant à l’Autriche. Cette région, vantée comme un Eldorado, est repeuplée par des milliers d’exilés lorrains et alsaciens. (L’histoire de ces exilés sera racontée dans la prochaine exposition du Palais des Ducs-Musée Lorrain, “Lorrain sans frontière”…)
(2) Pour l’histoire d’Arnold Paole, certains y voient une analogie du :
“mal se conjuguant au mal, dans l’événement ainsi rapporté où le monstre avide de sang se distingue par une origine spécifique : le Turc, acteur d’un Islam conquérant, n’applique-t-il pas l’impôt du sang sur les chrétiens des Balkans ?
L’analogie ainsi restituée par un procédé littéraire dénote la conscience d’enjeux qui dépassent la seule dimension d’une simple superstition. L’influence turque se vérifie dans les croyances des peuples des Balkans” . citation d’Ernest Jones
© Nosferatu de Murnau 1922
Traité sur les apparitions des esprits et sur les vampires ou les revenants de Hongrie, de Moravie, etc.. par le R. P. Dom Augustin Calmet (1672-1757).