Ayant succédé à la “closerie” (ferme) au lieu dit de de Tournemine à Angers, la manufacture d’indiennes est créée par les frères Danton en 1751, le long de la Maine et près d’un ruisseau, bien pratique pour évacuer les eaux teintées de garance et d’indigo.
Alors que ces cotonnades imprimées, concurrençant les riches étoffes des manufactures royales, sont interdites, les deux frères obtiennent une autorisation de Louis XV, contournant l’interdiction en imprimant des indiennes en toile de lin !
En 1766, l’interdiction est levée depuis 1759 et l’usine emploie 600 ouvriers, teinturiers, dessinateurs et des sculpteurs sur bois dont Pierre-Louis David (1756 – 1821), père de David d’Angers !
Plusieurs fois reprise, par, notamment en 1775, la famille Angevine « Lesourd de L’Isle » (voir article HG sur Madame et Monsieur “de Tournemine”), les indiennes d’Angers connaissent un succès retentissant jusqu’au début du XIXe;
En 1806, la révolution industrielle et l’impression au rouleau fait péricliter l’entreprise qui fait faillite et s’arrête définitivement. Mais l’histoire du lieu ne s’arrête pas là !
La manufacture est achetée vers 1830 par cinq curés d’Angers pour que Sainte Marie-Euphrasie Pelletier puisse y fonder la Congrégation de Notre-Dame de Charité du Bon-Pasteur, dédiée entièrement aux femmes en difficulté, et qui existe toujours !
On m’a assuré, lors de la visite guidée du musée du Bon Pasteur, que les sœurs ne vivaient bien évidemment pas dans les luxueux bâtiments du XVIIIe (réservés aux évêques de passage) mais dans les locaux adjacents, frustres, sans eau et sans chauffage…
Photos 21-07-2018© PFDebert